Que fait une conteuse confinée pour rester en lien avec le monde? Elle écrit!
En tout cas, moi, c'est ce que je fais depuis deux mois.
J'écris aux ami.e.s, à la famille, à mon filleul de bientôt 6 ans.
J'écris aux vieilles et vieux (non c'est pas un gros mot!) en EHPAD grâce à 1 lettre 1 sourire .
J'écris en atelier d'écriture par courriel, grâce à Bernard Bacherot.
J'écris des mails, des textos, des poèmes...
... et surtout, j'ai écrit une lettre ouverte aux ados que je ne connais pas.
Hier, cette lettre que vous trouverez dans son intégralité en cliquant ici a été publiée en ligne par Kezako, revue pour les jeunes dès 14 ans. Je vous en confie des extraits ci-dessous, et je vous invite à la partager avec les jeunes que vous connaissez.
Pour que d'autres paroles que la peur circulent... pour que de saines colères s'élèvent..
"A vous qui me lirez peut-être, ici ou là,
vous qui avez quinze ans, seize, dix-sept peut-être. J’en aurai quarante bientôt. Je pense à vous
aujourd’hui, confiné.e.s chez vos parents ou dans un foyer d’accueil, au sein d’une cité ou au cœur d’un jardin printanier. Vous qui déjà en temps
ordinaire balancez entre hier et demain, entre enfance et âge adulte, comment vivez-vous ce temps d’entre-deux mondes ? (..)
Vos quinze ans sont fragiles, faibles, insignifiant.s aux yeux des puissants, des décideurs. Mais fragiles,vous ne l’êtes pas. Vous êtes grandes, beaux, fortes, inventifs.
Vous avez pour vous la lucidité de votre jeunesse, la hargne, l’imaginaire. Votre rapidité de raisonnement, d’action, votre capacité d’adaptation,sont et seront essentielles au monde.
Aujourd’hui la peur nous divise, parce qu’elle nous engage à nous méfier du monde des humains. Mais la peur peut aussi nous rassembler, quand elle nous invite à chercher le réconfort auprès de nos frères et sœurs en humanité.
J’ai besoin de vous, vous avez besoin de moi. La peur, c’est celle de l’homme ou de la femme qui meurt seul.e. J’espère que du fond de vos confinements, vous saurez ne pas rester seul.e.s, relier vos quinze ans, vous rejoindre virtuellement, vous parler, militer, et bâtir ensemble.
Restez entre vous seulement le temps de vous rassurer, d’avoir moins peur. Mais ouvrez les fenêtres,gardez une oreille à l’écoute des oiseaux, et un œil sur nous. Nous qui vous tendons les mains, depuis nos 40 ans, ou nos 10 ans, nos 60 ans, nos 90 ans. Si vous voulez bien, tendez-nous les vôtres.
En mêlant nos sagesses, nos expériences, nos folies, nos naïvetés, les unes s’accordant aux autres, les autres compensant les unes, nous nous ferons grandir mutuellement. (...)
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